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Channel: enfant –à part soi
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spot the pidgeon

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Place Saint-Marc, Venise, janvier 2012

le prochain sourire

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Trincomalee, Sri Lanka, août 2011

Une chanteuse pop qui meurt, puis un autre, un nouveau président qui se prend les pieds dans le tapis de l’Europe, un printemps mouillé… Et dans ces paysages du quotidien banal, les souvenirs de voyage brillent comme des fleurs. Imputrescibles.

C’est en posant mes doigts sur la matière grossièrement tissée du prochain été que des images du précédent périple ont ressurgi. A courir trop vite d’un mois d’août à l’autre, on finit par négliger les petits cailloux d’or que les longs chemins ont glissés dans nos chaussures. Comment ai-je failli oublier ces visages mâchurés de sourires immenses, ces ciels brouillés comme des oeufs anglais, ces plages de cartes postales qui empestent la crevette séchée?

Pourquoi n’ai-je pas chanté plus fort mes sensations au fil de l’an? Elles me sont revenues hier soir plus vives, sensations d’impatience bruyante et d’aube saturée d’odeurs, de joies innocentes et de cargaisons d’aventures. Les voyages donnent l’universel pour horizon. Les images qu’il en reste entre deux avions questionnent ma place dans le monde et l’importance à accorder aux événements qui nous promènent. Me vient alors l’idée que cette société dont nous sommes, à divers degrés,  tous contributeurs nous détourne de l’essentiel.

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the boy in the picture

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vers Bao Lôc, Vietnam, août 2012

Sur les trottoirs de Saigon, une vendeuse ambulante m’a refourgué The Girl In The Picture, ce livre qui raconte la vie de Kim Phuc, fillette de neuf ans brûlée au napalm, devenue icône de l’horreur de la guerre. Mon voyage, qui était surtout motivé par des ambitions naturalistes, a changé de cap à la lecture du bouquin. J’avais presque oublié, en m’attachant à compter les oiseaux de sa jungle, que le Vietnam avait essuyé des années tragiques et que cette foutue guerre, qui suivait toutes les autres, n’avait pas forcément mis le pays sur les meilleurs rails. Alors j’ai quitté la boue des sentiers remplis de sangsues pour partir à la rencontre des gens au fil des villes et des villages. Nous avons rarement réussi à engager des conversations dignes de ce nom, mais la dureté de certains visages et la douceur d’autres sourires valaient bien des mots. Au-delà des clichés surexploités (ses rizières et ses chapeaux coniques), le Vietnam est un pays de contrastes souvent violents, pas toujours agréables à ressentir, mais d’autant plus fascinants à essayer de déchiffrer. A l’ombre de la Chine turbulente, souffrant de la comparaison avec sa belle voisine la Thaïlande, il semble avoir du mal à trouver sa place : démocratie toujours taboue, économie erratique, environnement sacrifié. Quel avenir pour le Vietnam? Quatre semaines à le sillonner en tous sens ne m’ont pas donné de réponse. Mais il y a toujours beaucoup d’espoir dans le regard de ses enfants.

portraits du Vietnam (#6)

la libellule

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marché flottant de Chau Doc, Vietnam, août 2012

Toute notre vie, nous la passons à essayer de nous représenter ce qui nous dépasse : le ciel, l’horizon, la mort. C’est pour mieux affronter ces mystères insondables que l’on se hisse, qu’on se déplace, ou qu’on boit à la paille, par exemple. Et quand, par la magie de nos gonades, l’amour surgit, on voit en lui le transport idéal pour se rapprocher des étoiles et les déchiffrer enfin. C’est un leurre, bien sûr. L’amour n’était qu’un colifichet qui nous a détournés un instant de l’angoisse de l’écrasement et de la perte. Car l’amour, comme n’importe quelle libellule de son roseau ployant, s’est finalement envolé par-delà l’horizon. Il nous laisse un peu sonné, le front contre la vitre de la cuisine, et nous voilà à recompter chaque soir toutes les étoiles que les épuisettes désabusées de nos rêves à grosses mailles n’ont pas pu retenir.

le marchand de boîtes à soleil

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Hoi An, Vietnam, août 2012

Une petite pièce et la boîte brûlait de ses petites mains dans vos grandes mains, et jusqu’au fleuve qui l’entraînait sur son fil comme un bateau d’espoir. Jolie parabole en carton sur les joies qui grandissent en se transmettant, trait de lumière pour éclairer l’intuition d’un sens à la vie.

Pour peu qu’elle empêche quelques heures la neige d’effacer trop de choses et trop de gens, laissons la barque briller de toute sa chaleur fragile. La blancheur de l’hiver rend les joies toujours plus belles quand elles lui résistent un peu. Ne parlez pas au petit capitaine de l’obsolescence programmée du bonheur. Ne lui dites pas que la vie n’est qu’une attente qui se fatigue au bord d’un fleuve imprévisible. Le temps d’une flamme plus vive, répétons-lui: joyeux Noël.

l’avenir à leurs pieds

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L’Estartit, Espagne, mars 2013

Passeuses d’émerveillement entre deux mondes. Sous un même ciel.


la chaise bleue

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Chau Doc, Vietnam, août 2012

C’est tout à fait le genre de petit chien que l’on mange au Vietnam. J’en ai vu deux comme celui-là sur l’étal d’une rôtisserie, sur le marché de Tam Dao, dans le nord du pays. Là-bas, les famines de l’après-guerre ont poussé les gens à se jeter sur n’importe quoi pour subvenir à leurs besoins en protéines animales. C’est pour ça aussi que les oiseaux sont devenus si rares. Ce n’est plus la famine aujourd’hui, mais les habitudes sont prises. Dans le sud, plus influencé par l’occident, les choses sont un peu différentes. Il n’est pas dit que ce jeune chien ait fini embroché comme ses copains du nord. Il semble que la fillette lui voue de l’attention, à moins qu’elle n’exerce sur lui un peu de cruauté en tendant vers l’animal un morceau de fruit qu’elle ne lui donnera pas. « C’est des excès du mal que doit sortir la vérité de l’homme et non des nobles qualités du coeur que l’imagination invente. » (Daniel Leuwers)

la marelle

rêver encore

1, 2, 3 soleils

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enfants
Monkey Temple, Pemuteran, Bali, août 2013
Offert aux fontaines de lumière, le temple balinais n’est pas une grotte platonique ni l’un de ces lourds galions de roc qui cherchent à éventrer les nuages. Le temple ici est une maison sans volets où la vie circule, se croise et se mélange, où l’on tisse les mots d’amitié en regardant tourbillonner les hirondelles dans la coupole du ciel. Les enfants, partout, s’accrochent à ses piliers comme à une balançoire, jouent à cache-cache avec les singes et le passant. Gardiens du temple, oui, au sourire désarmant, gardiens du temps surtout, face aux menaces d’écroulement des âmes. Ici les heures ne battent que dans le balancier des montres et d’ailleurs personne n’en porte.

bleu horizon

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enfantbleu

banlieue de Medan, Sumatra, juillet 2013
La création du nouvel aéroport de Medan, à une quarantaine de kilomètres de la capitale de Sumatra, a bouleversé le paysage. Entre Medan et le tarmac, une voie rapide saturée en quasi-permanence traverse des zones humides et des pâturages en partie remblayés d’où s’élèvent des habitations visiblement construites à la hâte. Les enfants passent leur temps à regarder le spectacle des embouteillages. Aux alentours l’expansion vertigineuse de la culture du palmier à huile, réputée donner du travail à tous, semble loin d’avoir produit tous les bienfaits qu’on lui prêtait.

la bête curieuse

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kirinda

Kirinda, Sri Lanka, août 2011
“(…)L’animal que j’étais attendait les cacahuètes de leurs sourires pour se sentir accepté dans la prison du monde.” (roadbook Sri Lanka 2011)

il est né le divin enfant

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merefille

Probolinggo, Java, août 2013

Et en plus c’est une fille. Voilà qui va nous changer un peu pour les 2000 ans qui viennent.

le ballon vert

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ballonvert

village de l’Atlas, janvier 2014
 
« Il y a cette espèce de croyance en un monde délivré du mal,
Et des cris, et de la souffrance,
Un monde où envisager l’horreur de la naissance
Comme un acte amical
Je veux dire, un monde où l’on pourrait vivre
Depuis le premier instant
Et jusqu’à la fin, jusqu’au terme naturel ;
Un tel monde n’est en aucun cas décrit dans nos livres.    
Il existe, potentiel. »  
(Michel Houellebecq, Naissance aquatique d’un homme)  

le nouveau petit prince

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garconnetbali

Amed, Bali, août 2013
Le long des routes du monde, les sourires des enfants reviennent comme d’anciennes comptines, balaient les relents d’aigreur occidentale et rincent l’âme somnolente. Ils laissent dans le cœur un vif éclat d’espoir. C’est la vraie vie qui fait signe. Celle qui se vit sans peur et sans rouerie, celle qui se partage comme le ciel et que l’on regrette dès les yeux fermés. Les enfants du monde n’ont rien à regretter, puisqu’ils ne dorment pas.
Cette photo déçoit par ce qu’elle ne dit pas : je ne me souviens pas des circonstances de ce sourire ni même de ce petit prince. Aucune trace dans les carnets. C’était il y a dix mois à peine, et la mémoire s’est entretemps assoupie. La vigilance, l’appétit du monde s’est commué en goinfrerie de travail. Le surgissement inopiné de ce sourire résonne comme un appel à changer de régime. Des ballets tardifs de lucioles ne guident-ils pas les oiseaux de nuit au bout de leurs chasses?

itinéraire bistre

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garevalence

gare de Valence – TGV, décembre 2013
La vie qu’on prend est rarement celle qu’on prévoyait d’emprunter. La plupart des plans tracés au compas et à l’équerre durant notre jeunesse ont échoué à nous guider. Mieux que les cartes, ce sont souvent les tempêtes qui ont dicté notre route. Ce n’est pas si mal pour qui survit aux tempêtes. Quand la bourrasque s’acharne, la barque des infortunés voyageurs finit par s’engager dans le courant des rages. L’époque me dit qu’il n’y aura plus tellement de répit pour les esquifs à la quille esquintée.
« Quelques hommes manipulés comme des robots que vous avez déformés jusqu’à la bêtise, dans un mouvement de rejet lucide prépareront la grande fête qui sera votre enterrement. » (José Agustin Goytisolo, Loi de la tolérance)

la rencontre

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rencontre
Chambarans, Isère, novembre 2014
Vieux village assiégé par deux anges, et novembre qui brille comme en mai. De l’eau claire et du cristal sur les bouches enfantines. A quelques vols d’alouettes, la forêt qu’on éventre. Ils n’en sauront rien, lancés à accrocher de la lumière par-dessus les marquises. Leurs chansons n’empêchent pas encore les arbres de tomber, mais elles raniment les pierres du rêve.

tangente

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manege
Bruxelles, décembre 2014

Enseigner les infinies nuances qui palpitent entre le bleu et le bleu : voilà pour se donner des ailes.

(Je m’étonne encore, grand naïf, de la manière tranchée, sinon brutale, employée par quelques frénétiques haut perchés pour fixer les grandes orientations collectives en ce début d’année. Orientations d’un autre âge, quand nous étions prêts à sacrifier l’essentiel parce que nous ne savions pas encore où il se logeait. Mais aujourd’hui? Encore des autoroutes, encore des barrages, encore des parcs de loisirs? Tout qui porte à scinder, isoler, écarter, confiner quand nous avons tant besoin de réanimer des intimités avec notre entourage.)

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